La Prost JS45 est bien plus qu’une simple voiture de Formule 1 de la saison 1997 : elle incarne un moment charnière dans l’histoire du sport automobile français.
À la fin de l’année 1996, Alain Prost, quadruple Champion du monde, décide de franchir une étape majeure : racheter l’écurie Ligier, en difficulté financière mais encore compétitive. Ligier, fondée par Guy Ligier en 1976, portait depuis toujours le sigle « JS » — en hommage à son ami pilote Jo Schlesser, décédé en course en 1968.
Le rachat est finalisé en février 1997, juste avant le début de la saison. C’est donc trop tard pour construire une monoplace 100 % nouvelle sous le nom Prost Grand Prix : l’équipe engage donc une évolution directe de la Ligier JS43 championne de fiabilité et victorieuse au Canada en 1996 avec Olivier Panis.
C’est ainsi qu’est née la JS45, dernière à porter le nom « JS ». Le projet technique avait été conçu par l’équipe Ligier à Magny-Cours, sous la direction du designer Loïc Bigois, avant que la direction passe sous contrôle d’Alain Prost. Ce dernier conserve l’équipe technique en place pour ne pas bouleverser l’équilibre fragile. Le moteur reste un Mugen-Honda V10, grâce aux bonnes relations établies par Ligier et au soutien du constructeur japonais, qui voyait en Prost un partenaire sérieux pour développer ses ambitions en F1.
✨ Une équipe française renaît
Pour Alain Prost, l’objectif est double :
✅ Sauver le dernier bastion français en F1 après le retrait de Ligier.
✅ Construire pas à pas une écurie à son image, capable de renouer avec la réussite française des années 80 (Renault Turbo, Ligier, Elf, Michelin…).
Sous ses couleurs bleu et blanc, la JS45 arbore fièrement le logo Gauloises Blondes, fidèle sponsor de Ligier, et bénéficie du soutien d’acteurs majeurs comme Elf et Peugeot, pressenti pour fournir les moteurs à partir de 1998.
⚙️ Une monoplace solide et prometteuse
Sur la piste, la JS45 s’avère compétitive pour une équipe en transition. Elle tire parti d’un bon moteur Mugen-Honda, d’un châssis équilibré et de l’arrivée de Bridgestone en F1, qui fournit des pneus performants dès sa première année face à Goodyear.
Avec Olivier Panis, pilote rapide et expérimenté, Prost GP surprend :
Avant son accident, Panis pointe 3ᵉ du championnat derrière Michael Schumacher et Jacques Villeneuve. Malheureusement, un crash à Montréal lors du GP du Canada brise ses jambes et ses espoirs de poursuivre la saison. Ce coup dur stoppe net la dynamique de Prost GP. L’équipe doit faire appel à Jarno Trulli (prêté par Minardi) pour remplacer Panis, aux côtés de Shinji Nakano, pilote soutenu par Honda. Bien qu’honorable, la fin de saison est plus difficile : la JS45 reste fiable mais manque de vitesse face aux grandes écuries.
🏁 Héritage de la JS45
La JS45 reste une monoplace symbolique :
Dernière Ligier et première Prost Grand Prix.
Symbole du passage de témoin entre deux générations d’équipes françaises.
Dernière F1 à porter le « JS » en hommage à Jo Schlesser.
Elle marque aussi la période la plus prometteuse de l’histoire de Prost GP. Jamais l’équipe ne retrouvera ce niveau de compétitivité : la transition avec Peugeot sera plus compliquée, et les saisons suivantes seront minées par des problèmes financiers et techniques.
Pour les passionnés, la JS45 représente un « Et si » mythique : et si Panis ne s’était pas blessé ? Et si Prost GP avait pu bâtir dessus ? Et si un constructeur français comme Renault était revenu plus tôt ? Autant de rêves qui font encore vibrer les supporters du Fan Club Prost Grand Prix.
✏️ En résumé
La JS45 est une voiture de transition : héritage Ligier, premier chapitre Prost GP.
Une monoplace compétitive et fiable qui a su surprendre les grosses écuries.
Elle symbolise l’ambition d’Alain Prost de ramener la France au sommet de la F1.
Sa carrière a été brutalement interrompue par le crash de Panis.
Aujourd’hui, elle reste une pièce culte pour les collectionneurs et amateurs de l’histoire F1 tricolore.
📚 Sources principales
StatF1.com
Motorsport Magazine Archives
Interviews Alain Prost & Olivier Panis
Ligier F1 — Histoire de l’Épopée Bleue
